Les Evênements du mardi 8 septembre 1914

Plus à l'Est, Joffre retire le 15^ème C.A. de la 2^ème Armée pour l'intercaler entre la 3^ème et la 4^ème Armée.

La XXIIIème I.D. Allemande avance en direction du Meix-Tiercelin, soutenu par le XIXème A.K. vers Humbauville.

5h00
La canonnade ennemie s’engage vers la gauche du C.A. et surtout vers le 17ème C.A. Ce dernier doit tenir, pour permettre l'arrivée du 21ème C.A, qui doit entrer en ligne vers 11 heures. Le 21ème C.A. nouvellement constitué (1ère Armée), doit couvrir une brèche d'une vingtaine de kilomètres à l'Ouest (Mailly le Camp) vers la 9ème Armée du Général Foch. L'artillerie allemande continue à couvrir d'obus, la cote 201. Le 50ème R.I. s'installe sur la cote 184, à 500 mètres d'Humbauville, il est lié au 63ème et 138 R.I. vers la cote 194 (Nord-Ouest d'Humbauville).

5h35
Les A.P. du Btn du 78ème qui tient la cote 130 (Sud-Ouest de Courdemanges), sont très vivement attaqués dès 4 heures et bousculés. Le Bataillon lui même est refoulé. Pour réoccuper cette importante position, le Général de Brigade ordonne à un Bataillon du 107ème d’attaquer dans la direction générale de 130.

5h40
Le 108ème est violemment attaqué sur tout son front. Il tient toujours dans Courdemanges, néanmoins ordre est donné au 126ème R.I. de se porter vers la cote 130 (1 km Sud-Ouest du Château de Beaucamp), et de faire soutenir d’abord par un Btn la gauche de la première ligne. Le 100ème R.I. est porté à hauteur de les Rivières et maintenu à la disposition du Général de Division.

6h15
Le Colonel Cdt la 47ème Brigade fait savoir du Château de Beaucamp que le 108ème étant fortement engagé, 2 Cies du 107ème lui sont envoyés pour soutenir son action. Le 107ème ayant déjà une Cie dans le Château de Beaucamp, il ne reste plus au Général de Brigade que 5 Cies disponibles. Dans l’ensemble, le Général Cdt la 47ème Brigade juge la situation sur le front comme étant sérieuse. L’artillerie ennemie en particulier tire avec une violence extrême.

7h40
Un aviateur est envoyé en reconnaissance pour situer exactement les positions des batteries allemandes. La cote 130 (Sud-Ouest de Courdemanges) n’a pu être enlevé et le 108ème dans Courdemanges est obligé de céder. Un Btn du 107ème a dû être envoyé à son secours. Le Colonel Cdt la 47ème Brigade attend l’arrivée du 126ème pour s’efforcer de reprendre 130 et Courdemanges.

Ordre de la 24ème D.I. "10h20 Le Général Cdt l’Armée est venu en personne pour affirmer l’inéluctable nécessité de tenir mordicus sur les positions assignées ce matin. C’est aujourd’hui la lutte d’usure. Des armées Allemandes attaquent sur tout le front. A tout prix ce front doit demeurer inviolable. On se fera tuer sur place plutôt que de reculer d’un pied. La manoeuvre offensive préparée par le Cdt de l’armée ne pourra s’exécuter que si le front demeure fortement tenu. Chaque soldat devra être prévenu de la grandeur de la mission qui lui est confiée et savoir que le sort du pays sera décidé dans la bataille engagée depuis deux jours. Le Général a pleine confiance dans l’énergie de chacun pour repousser tous les assauts qui pourront être livrés, et gagner la victoire." Signé : Descoings Au même moment le général von Tscheppe s'exprimait : " Le but poursuivi par nos marches longues et pénibles, est atteint. Les principales forces françaises ont dû accepter le combat, après s'être continuellement repliées. La grande décision est indiscutablement proche; demain, la totalité des forces de l'armée allemande...devront être engagées sur toute la ligne de Paris à Verdun !"

8h00
A l'Est, le village d'Haussignemont est bombardé, un obus éclate sur le P.C. du 87ème R.I, le Commandant Imard, les Capitaines Robardey, Lamy, et 8 soldats sont tués.

10h00
Le clocher de l'église de Maurupt tombe sous les obus allemands. Le village subit un bombardement intense.

10h50 L'artillerie française couvre d'obus la cote 208 (Nord de la Certine), qui est aussitôt évacuée par l'infanterie allemande, néanmoins celle-ci gagne du terrain par le ravin boisé entre ces deux côtes (201 et 208). Le 7ème R.I. se replie sur les fermes Mont-Torlor et Grandes-Perthes. Au même instant, un obus percute un arbre près du Commandant du régiment. Un éclat arrache le bras du Lieutenant de Castelnau, puis ricoche et emporte la tête d’un sergent. Le Lieutenant mourra un peu plus tard à la ferme des Grandes-Perthes.

Lieutenant de Castelnau, fils du Général.

11h40
Les avions partent de nouveau en reconnaissance vers Huiron et la voie ferrée jusqu’au tunnel. La Compagnie du Génie organise les environs de la ferme des Perthes et la bande boisée au Nord-Est jusqu’à l’Etang des Herbins.

11h45
Les attaques de la 47ème Brigade dirigées sur 130 Courdemanges, et 153 Mont-Moret, n’ont pu progresser et nos troupes se maintiennent avec peine à la lisière Nord de Châtel-Raould où nous ne disposons plus de réserve, le dernier Btn du 126ème devant être lancé vers 153 sur lequel l’infanterie allemande progresse et menace notre artillerie. L’attaque de l’ennemi est des plus violente.

12h45
Le Général Cdt le C.A. dirige le 300ème vers la cote 178 (800m Nord des Grandes Perthes), pour soutenir le 17ème C.A. qui est très vivement attaqué, la 33ème Div. résiste, mais la 34ème Div. cède dans les bois au Sud de la ferme de la Certine. Le 326ème est mis à la disposition du Colonel Cdt la 47ème Bde, est porté de les Rivières vers le Nord-Ouest pour coopérer à l’attaque dirigé sur 153 Mont-Moret (Sud-Est Courdemanges)

Vers l'Est, le 72ème R.I. charge à la baionnette les allemands installés dans le village de Maurupt.

13h40
Un ballon allemand plane depuis 1 heure à une dizaine de kilomètres de la ferme de "La Certine".

14h00
Beaucoup plus à l'Est, le 120ème R.I. est attaqué à la lisière des bois face à Sermaize. Il se replie en direction de "La Colotte" et demande au 6ème Hussard, stationné à Trois-Fontaine, de le soutenir.

15h00
Le retour offensif sur 153 (Mt Moret) organisé par la 6ème Bde Coloniale a échoué, car l’intervention du 326ème n’a pas été attendue.
Le récit de l'agent de liaison Barethie apporte quelques précisions sur l'intervention du 326ème R.I.

16h15
L’attaque du 126ème R.I. sur la cote 153 commence à se faire sentir. Celle du 326ème R.I. bien appuyée par 2 groupes d’Artillerie, un du 12ème C.A., et un du C.C. progresse également, et à la chute du jour vers 18 heures, la cote 153 est enlevée. La position est couverte de cadavres Allemands témoignant de l’énergie avec laquelle l’ennemi s’est défendu, 3 mitrailleuses lui sont enlevées.

19h00
Le 50ème R.I. est attaqué dans le village d'Humbauville.

La journée a été extrêmement dure. Vers 21h30 l'attaque de l'ennemi cessait.

Le Général von Hausen précisait « l’aile gauche du XIX A.K. est contrainte de renoncer à sa marche sur Chatelraould, en raison de pertes considérables, et se trouve réduite à résister dans Courdemanges ». Dans la nuit le XIXème A.K. envisage de s’emparer des batteries françaises établies au village les Rivières-Henruel. Le VIIIème A.K. précise que ce plan ne sera pas possible, compte tenu de l’éloignement de ces batteries (4 Km). Le plan est abandonné.