Récit du Soldat Barethie
Agent de liaison au 326ème R.I.

 

"L'arrivée du 326ème et la blessure du soldat Delage"
Mardi 8 septembre 1914

"La bataille avait commencé dans ces parages depuis 2 jours, notre régiment n'avait pas encore grand mal ; nous arrivions ainsi sur une côte en avant de Blaise, côté Nord-Ouest où nous recevons l'ordre du Général commandant la 24ème Division de nous porter à la côte 153 qui se trouvait à environ 5 Km, c'était le MontMoret.

Donc à 5 heures du soir, le régiment reçoit l'ordre de prendre la côte 153, le MontMoret que les coloniaux avaient dû abandonner à plusieurs reprises. Pour y parvenir nous devions nous défiler le long de la voie ferrée côté Vitry-le-François que nous apercevions assez loin. Le régiment s'engage dans un pré, 2 Cies déployées en tirailleur, le reste suivait en formation de combat, sections échelonnées en profondeur.

Je portais l'ordre au Capitaine Lamartinie d'activer la marche en avant, les Compagnies n'avançant pas assez vite ; en plus de l'artillerie qui arrosait dur, l'infanterie Allemande nous mitraillait sur la droite. L'ordre transmis je revins au poste de commandement ; puis sur une vigoureuse attaque de ces 2 compagnies, l'infanterie Allemande cessa son feu, après l'artillerie en fit autant, et à la tombée de la nuit le 326ème restait maître de la position et prenait ses dispositions pour y rester.

Je dois dire que cette besogne nous avait été bien préparée par les Coloniaux qui avaient subi de fortes pertes ; il s'agissait de tenir cette position, j'avais entendu dire au Commandant Larrieu par des officiers Coloniaux, " Vous y monterez, mais vous n'y resterez pas ".

 

 

 

 

 

Mercredi 9 septembre 1914

10 minutes à peine à l'abri derrière un talus, une marmite arrive à 4 ou 5 mètres. Le temps de se serrer, se faire plus petit, en arrive une autre qui nous couvre de terre nous laissant étourdis, blessant grièvement mon camarade Delage, agent de liaison. L'éclat qu'il avait reçu dans les reins avait traversé mon manteau dont je me garantissais la tête, je m'en suis rendu compte après.

Le pauvre malheureux poussait des cris affreux, je ne pouvais croire qu'il fut blessé tant nous étions serrés les uns contre les autres, il me suppliait de ne pas le laisser achever de mourir là, de l'emporter au poste de secours. J'y suis arrivé, je n'ai pas encore vu de blessé aussi courageux que lui. Je revins à mon poste vers 3 heures, je n'eus pas l'occasion d'en bouger de la soirée."

Extrait de la lettre de M. Barethie à la commémoration du monument au Mont-Moret en 1934
remerciements M. F. Girardin

  Vers 10 septembre