J’suis douanier

Pourquoi une brigade à Trentemoult ?

La situation géographique et stratégique de ce petit port sud Loire au XIXe siècle apporte déjà une réponse. Les marchandises véhiculées sur la Loire pouvaient aussi bien être déchargées sur la rive nord que sur la rive sud. Le port de Trentemoult accueillait une flottille importante avec parfois des navires imposants. On déchargeait toutes sortes de marchandises, vins, céréales, produits exotiques, etc. Trentemoult, Chantenay, le bras de Pirmil et de La Madeleine étaient des lieux de mouvements maritimes très denses. D’après l’historienne Emilienne Leroux, plus de 1700 navires sont amarrés le long des quais en 1924 et plus de 2000 entrent dans le port de Nantes en 1931.

La douane était déjà implantée sur la rive nord et, pour la circulation des marchandises terrestres, un octroi se trouvait au pont de Pirmil.

La brigade en bord de Loire

La brigade trentemousine existait déjà au début du XIXe siècle, et ce jusqu’au début des années 1930.

La douane dépend du ministère des finances, mais certains corps de douane pouvaient être mobilisés en temps de guerre et être rattachés au ministère de la guerre.

Entre 1836 et 1936, pas moins de 158 douaniers sont passés par Trentemoult, certains furtivement, d’autres plus durablement. Plusieurs douaniers à la retraite resteront à Trentemoult, et même pour l’éternité. Sur les 158 douaniers, seulement 9 étaient eux-mêmes issus d’une famille de douanier. Ils sont, pour la majorité, originaires des départements de Loire-Inférieure et de Vendée, principalement du littoral.

En cette année 1929, nous avons 3 brigades en aval sur la Loire : Basse-Indre, Couëron et Le Pellerin. Celle de Trentemoult contrôle la rive gauche face à Chantenay et peut descendre jusqu’à Port Lavigne en aval, et remonter sur le bras de Pirmil en amont, le quai Wilson étant particulièrement visé. La zone de surveillance est appelée « penthière ».

Le corps de garde

En dehors de leur habitation respective, où se tenaient ces douaniers pendant leur faction ?

Sur certaines cartes postales, il est aisé de remarquer la petite guérite implantée en face de l’embarcadère des « Roquios ». En revanche, il n’est pas simple de retrouver le corps de garde de la brigade, car aucun document cadastral ne permet de le situer. Ce que l’on sait, c’est que les douaniers devaient monter leur faction sur le quai, puis retourner dans leur demeure.

le quai Jean Bart devant l’embarcadère des Roquios

Pourtant, il y avait bien un corps de garde, un document daté de 1823 indique un accord entre un propriétaire trentemousin et la Direction de la douane. Le 25 juin 1823, un bail est signé entre la Douane, représentée par le contrôleur Soller, et le propriétaire Pierre Moreau, pour une maison située sur le quai. Cette maison sise au 12 et 14 rue de la douane, appartient à Pierre Moreau dit la Vermine.

La maison sera louée jusqu’en 1934, date effective de la résiliation du bail et la fin de la brigade trentemousine.

Que reste-t-il de cette époque ? Une rue, nommée en 1912 rue de la Douane, sans aucun autre signe ou trace permettant d’en connaître l’histoire.

La maison du corps de garde de 1823 à 1934

Sources :
Association pour l’Histoire de l’Administration des Douanes (https://histoire-de-la-douane.org/presentation/)
Archives municipales : séries 1F, 1O et listes électorales
Archives départementales : séries 2P et 5P

Article complet dans le bulletin des Amis de Rezé no 88