François Linert et la maison de force

La Maison de Force de Chalons sur Marne

François Lunotte arrive en France entre la fin du XVIIIème et le début du XIXème siècle, il est originaire de Bohème. Il est considéré comme déserteur de l’armée bohémienne. Son nom changera plusieurs fois, de Lunotte à Lienerth, puis Linerté, et enfin Linert.

A cette époque François est Charpentier, mais en août 1812 il est jugé ainsi que Marie-Françoise Varnier, son épouse, pour complicité de vol. L’auteur des vols est un ami, il se nomme Martin Schmeseck, prisonnier de guerre Polonais.

Martin est en gage comme domestique chez le Sieur Cappé, propriétaire terrien. Il subtilisera avec l’aide de François, cinq double-décalitres de froment, soit 100 litres. La peine est très lourde, cinq années de réclusion dans la maison de force de Chalons, et l’humiliation du carcan.

 En 1806, Napoléon 1er envoie dans les départements français les prisonniers de guerre, pour effectuer certains travaux. 1000 prisonniers seront répartis sur Vitry le François et ses environs, 1600 à Reims, et 2200 à Chalons.

Marie-Françoise, épouse de François, est enceinte de 8 mois lors de la condamnation, elle échappe à cette peine, mais devra néanmoins s’acquitter de 300 Fr de frais de procès.

Que pouvait représenter cette somme ? une somme bien rondelette pour une femme seule avec cinq enfants.

La prison de Chalons doit être terrible, François n’y vivra que quelques mois. Le 12 novembre 1812 à 38 ans, il meurt dans sa cellule ou en travaux forcés, rien n’est précisé. Quant à Martin Schmesek, il sera évacué sanitaire en 1814 vers Reims.

A ce jour le patronyme LINERT recensé sur la région Marnaise, descend directement de François Lienerth.

 

Du jeudy treize aoust mil huit cent douze, vu par la cour d’assise du département de la marne séant à Reims

Jugement contre Martin Schmeseck et François Lienerst.

Le dénommé ci-contre a été évacué pour Reims le 25 juillet 1814, allant devant la cour d’assise.

signé Muller

 

 

François Linert mort le douze novembre 1812.

 

signé Muller

Reprise Intégrale du Registre d’Ecrou 5Y18Du jeudy treize aoust mil huit cent douze, vu par la cour d’assise du département de la marne séant à Reims.

La procédure instruite contre Martin Schmeseck, prisonnier de guerre Polonais, âgé de vingt un ans, François Lienert charpentier, âgé de trente huit ans deserteur natif de Bohème, 3° Marie Françoise Varnier femme de François Lienert, âgé de trente six ans, native de St Genest, accusé savoir le dit Schmeseck d’avoir étant domestique à gager du Sieur Cappé et demeurant chez le dit Cappé, volé dans la maison du dit Cappé à divers reprises environ cinq double décalitre de froment appartenant au dit Cappé, notamment deux double décalitre le quinze du mois d’avril dernier et le dit Lienert et sa femme de complicité des dits vols.

La cour condamne Martin Schmeseck et François Lienert en chacun cinq année de réclusion dans la maison de force de ce département, attachés pendant une heure au carcan exposé aux regard du peuple.

Les condamne en outre solidairement et par corps au remboursement des frais du procès et statuant sur le cautionnement a fournir par chacun des condamnés a expiration de leur peine fixé en chacun à trois cent francs en conformité de l’article 44 du code pénal.

 

La peine consistait à attacher le condamné par le cou à un poteau, au moyen d’un cercle de fer. On plaçait au-dessus de sa tête, ou sur sa poitrine, un écriteau portant son nom et la cause de sa condamnation.

C’était une peine afflictive et infamante, tantôt principale, tantôt accessoire. Le carcan fut conservé par le code des délits et des peines du 3 brumaire an 4 (art.602) comme peine infamante seulement. Le code pénal de 1810 prononçait la peine du carcan, comme peine, tantôt principale, tantôt accessoire à celle des travaux forcés à perpétuité ou à temps et à la réclusion (art. 22). La peine durait une heure. La loi du 28 avril 1832 (art.12) l’a remplacée par l’exposition publique, supprimée elle-même par le décret du 12-14 avril 1848. (src: Larousse 1914)