Lundi 7 septembre

Le lendemain de grand matin, nous étions debout déjà le canon se faisait entendre. L’ennemi était sur le territoire de Sompuis, 6 kilomètres du Meix. Sur l’ordre de quelques officiers toute la maisonnée se réfugia dans les caves. Les quelques personnes restées dans le pays vinrent s’abriter chez les sœurs. Dès 8 heures du matin une maison était en feu, la peur augmentait ; impossible de sortir dehors, les obus sifflaient et venaient éclater autour de la maison. A la maison plus un seul morceau de pain, les soldats ayant tout consommé la veille. Une sœur se mit à l’œuvre aidée de deux soldats qui firent une fournée pour emporter.

Mardi 8 septembre

Notre repos ne fut pas de longue durée, dès 3 heures du matin la bataille était engagée plus terrible encore que la veille. Cette journée se passa encore dans le trouble ; les religieuses étaient en prière dans la cave et ce fut sans doute grâce à leurs supplications que la maison fut épargnée. Au dire des officiers la maison cent fois pour une aurait dû être en pièces. Vers 9 heures de la journée du mardi un choc se fit entendre, c’étaient tous les carreaux de la maison qui tombaient par des éclats d’obus. La peur saisissait tout le monde. Fuir n’était plus possible, il fallait se résigner à son sort. Puis nous recommençâmes la besogne de la veille nous faisant les heureuses servantes de nos soldats.

Mercredi 9 septembre

Le mercredi donc de grand matin la mitrailleuse bondissait avec plus de violence, nos bons soldats étaient partis pleins de courage, ils devaient, sur l’ordre du général se faire plutôt hacher que de reculer. Un obus vint éclater sur un préau qui le réduisit en morceaux. En entendant ce bruit nous croyions que c’était la maison qui croulait. Dans la soirée plus de 800 Méridionaux arrivaient à l’orphelinat ; le chef fut tout étonné d’y trouver encore du monde, vu l’état du champ de bataille si près.

Jeudi 10 septembre

Une ambulance était installée dans une maison voisine de l’orphelinat et je fus heureuse de voir les soldats blessés remplis de courage et tout prêts à recommencer le combat sitôt guéris. Les religieuses eussent été contentes de leur donner les soins que réclamait leur état et avaient offert leur maison d’école pour ambulance, leur désir ne put se réaliser vu l’emplacement de la maison qui faisait face à l’ennemi. Cependant elles eurent la consolation de leur porter quelques douceurs. L’une d’entre elle fut demandée pour soigner un capitaine blessé mortellement, durant deux jours qu’il séjourna à l’ambulance il ne voulut pas que la sœur le quitta d’un moment. Bref toute la journée jusque 5 heures du soir la bataille continua violente et meurtrière.

remerciements M. R. Savreux